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Dernière mise à jour Le 20 Août 2011.

HISTOIRE DE LA GUINÉE

2. Implatation coloniale

Les premiers contacts avec l’Europe datent du XVe siècle, quand les explorateurs portugais commencèrent à jalonner les côtes occidentales de l’Afrique de leurs comptoirs commerciaux et y trafiquèrent esclaves, or, ivoire. La toponymie conserve encore leur marque (Rio Nuñez, Rio Pongo, Cap Verga) et nombre de familles leurs noms (Fernandez, Gomez). Les Anglais et les Français les imitèrent puis les supplantèrent au cours des siècles suivants. Le Rio Pongo devint, jusqu’en 1880, le centre le plus actif. Des explorations de l’arrière-pays furent entreprises, dont deux restent célèbres, celle de G. Mollien, en 1818, qui descendit du Sénégal jusqu’à Timbo dans le Fouta-Djalon, et celle de René Caillié, en 1827, qui, du Rio Nuñez, remonta par le Fouta-Djalon et Tombouctou jusqu’à Fez et Tanger au Maroc. Aventuriers et marchands puis militaires, fonctionnaires et missionnaires signent des " traités " ou des ententes avec les divers chefs africains : la colonisation s’implantait.

Mise en place du système colonial

Des trois impérialismes en compétition dans cette partie de l’Afrique au XIXe siècle, l’un, le portugais, se trouve rapidement circonscrit dans ce qui deviendra la Guinée-Bissau. Un autre, l’anglais, finit par se contenter sans trop de difficultés de la Sierra Leone. C’est l’impérialisme français qui, en une quarantaine d’années, supplante ses rivaux en étendant sa zone soit à partir de la côte, soit à partir du Sénégal en direction du Fouta ou de la haute Guinée. Quelques dates peuvent servir de repères pour marquer les étapes principales de la création de la Guinée dans ses frontières actuelles. En droit français, trois décrets sont pris en 1882, 1889 et 1891, portant successivement érection des " Rivières du Sud " en colonie sous la dépendance de Dakar, avec le docteur Bayol pour premier lieutenant-gouverneur, affranchissement du contrôle du Sénégal et enfin création de la Guinée française avec le docteur Noël Ballay comme gouverneur. En droit international européen, toute une série de conventions et de traités déterminent les frontières. Les signataires en sont, d’une part, la France et, d’autre part, la Grande-Bretagne en 1882 (liberté d’action reconnue à la France) puis en 1889, 1891 et 1895 (délimitation avec la Sierra Leone), l’Allemagne en 1885 (renonciation à toute prétention), le Portugal en 1886 (délimitation de la Guinée portugaise, reconnaissance du protectorat français sur le Fouta). Enfin, en 1904, la Grande-Bretagne cède à la France les îles de Loos. L’installation sur place se heurta à des difficultés différentes selon les quatre grandes régions du pays. En région côtière, elle fut relativement facile car, comme le souligne J. Suret-Canale, " l’émiettement en multiples chefferies rivales facilitait l’emprise européenne ; ce qui ne veut pas dire qu’elle s’établit sans luttes ". Ainsi, en 1885, " plusieurs dizaines de villages dans le Rio Nuñez furent détruits à coups de canon et brûlés avec leur population ". L’administration coloniale régla de cette façon un conflit surgi entre deux chefs qui arboraient pourtant le drapeau français et avaient protesté de leur loyalisme ! Dans le Fouta-Djalon, aucune résistance sérieuse ne fut opposée. Par des traités de protectorat successifs (en 1881, en 1897), la présence française s’installa " principalement " en jouant des dissensions entre chefs, Alpha Yaya contre Bocar Biro par exemple. L’objectif était de morceler leur autorité ou de les réduire au rôle de simples exécutants, quitte ensuite à les destituer ou à les arrêter. Tel fut le sort d’Alpha Yaya en 1904 puis en 1911, et ce au mépris de la parole donnée. Les résistances militaires se manifestèrent surtout en haute Guinée et en zone forestière. Pendant longtemps, Samori Touré s’efforça d’éviter un conflit direct en composant avec les officiers français qui, à partir de Dakar, visaient la conquête de l’hinterland soudanais. Il signa même en 1887 et en 1891 deux traités par lesquels il reconnaissait à la France la possession du pays Bouré, puis celle des pays à l’ouest du fleuve Niger. Mais, en 1891, il fut finalement acculé à une guerre sans merci. Celle-ci dura sept ans. Remarquable stratège, recourant à la tactique de la terre brûlée, Samori reconstituait son empire vers l’est (en Côte-d’Ivoire, en Haute-Volta et jusqu’au Ghana) au fur et à mesure de sa destruction à l’ouest. Fait prisonnier en 1898, il fut déporté au Gabon où il mourut en 1900. En zone forestière, les Français se heurtèrent à des populations – Guerzé, Manon, Toma et Kissi – qui avaient toujours su repousser d’éventuels envahisseurs, y compris des troupes de Samori, venus du nord. Des détachements français furent anéantis par les Toma. Il fallut plusieurs expéditions de 1900 à 1912 pour obtenir la pacification de cette zone érigée en région militaire en 1899. Les excès militaires provoquèrent en 1911 une révolte des Guerzé et des Manon, qui fut réprimée avec une très grande brutalité. Les frontières de la nouvelle colonie, résultant du partage des zones d’influence respective entre Européens, eurent les mêmes conséquences que partout ailleurs en Afrique et entraînèrent des drames analogues : réalités humaines et données géographiques furent, dans l’ensemble, superbement ignorées ou méprisées. Ainsi Toma et Guerzé se trouvent répartis de part et d’autre de la frontière avec le Liberia. Kouranko et Dialonké connaissent la même situation par rapport à la Sierra Leone ainsi que les Malinké de la région de Siguiri avec le Mali ou encore les Coniagui et les Bassari avec le Sénégal et la Guinée-Bissau. L’aire culturelle des Peuls déborde largement la Guinée puisqu’elle s’étend du Sénégal jusqu’au Nigeria et au Cameroun. Sans doute, dans le cas de la Guinée, ces frontières artificielles et arbitraires ne soulevèrent-elles pas de problèmes politiques analogues à ceux qui surgirent dans le cas des Éwé (répartis entre le Togo et le Ghana), par exemple. L’insertion de la Guinée en 1904 dans un grand ensemble colonial, l’Afrique-Occidentale française, aux délimitations administratives moins contraignantes que des frontières, peut l’expliquer. En revanche, une fois la Guinée devenue indépendante en 1958, les séquelles économiques du découpage colonial se font sentir, au grand dam des tentatives de planification et de création d’une économie " nationale ". L’extrême perméabilité des frontières et la parenté des populations empêchent tout contrôle sérieux des trafics de marchandises et des déplacements de personnes entre pays limitrophes.